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RED'S STORY

Suis-je vivant ou suis-je mort ? C’est une question que je me pose depuis toujours, et je pense que vous pouriez vous interrogerez également. C’est celui de ma vie, de ma triste vie, ou plutôt de mon étrange vie… Car je ne suis pas comme vous, je ne suis comme personne ! Une ombre, un démon, un fantôme, un hybride entre un humain et une entité sans nom. Et encore, quand je dis sans nom, je mens, je vous mens, je me mens, puisqu’une partie de moi est issue des divinités du mal.
 

D’aussi loin que je me souvienne, tout a toujours été sombre pour moi. Mes premiers souvenirs, je les garde de mon séjour dans le ventre de ma mère. Ma mère, une paumée qui n’a rien trouvé de mieux que de s’enticher d’un clan qui donnait froid dans le dos. Une secte qui ne savait qu'implorer le mal et dont les plus illustres activités se réduisaient à copuler, ce qui n’était rien d’autres que des orgies lubriques. Si seulement ils ne s’en étaient tenus qu’à cela, ils n’auraient pas été si nuisibles. Leur folie les a conduits au pire, puisqu’ils s’adonnaient en plus à des rituels qui avaient tout des sacrifices. Peu leur importait qui, ils voulaient du sang, du sang et encore du sang. Du reste, l’hémoglobine pourrait constituer l’actrice principale dans le film de ma vie. Un film noir, rouge, gore ! Et ma génitrice n’a pas été une figurante ou une spectatrice, mais elle a pris une part active à tous ces actes plus déments les uns que les autres.


Très vite, elle eu plus besoin de ses alter égos pour s’enfoncer un peu plus dans ses délires sanguinolents. Sans réaliser comment, ni comprendre pourquoi, elle a basculé dans une folie dont elle n’est jamais sortie. Pour satisfaire des pulsions qu’elle ne contrôlait plus, elle s’est retirée de la secte pour mieux s’adonner à ces élans criminels. A toute heure, et quel que soit l’endroit, elle était prise d’une frénésie qui la poussait invariablement à tuer. Peu importait qui étaient ses victimes. Elle avait un besoin irrépressible de leur sang. Mais il n’y avait pas que cela. Non, cela allait bien au-delà… Elle n’aimait rien tant que d’observer la peur qui envahissait leur regard quand ils comprenaient que leur dernière heure était arrivée. Elle se nourrissait de cette terreur qui lui apportait un rush d’adrénaline pure. C’était devenu sa raison de vivre.
 

Pourtant, elle avait quelques fois des éclairs de lucidité. Ce fut au cours de l’un d’entre eux, qu’elle a pris conscience du fait qu’elle était devenue un véritable danger, une tueuse en série compulsive. Alors, elle décida de s’enfermer chez elle, pour ne plus jamais en ressortir. Ainsi, elle ne prendrait plus jamais de vie humaine. Toutefois, cet isolement forcé n’a pas pour autant amélioré son état psychique, bien au contraire. Isolée de tout et de tous, elle a basculé dans la folie la plus pure, régressant jusqu’à revenir à l’état animal le plus primitif. Ainsi, elle ne se nourrissait qu’en mangeant des animaux, d'abord les siens, puis ceux errants qui avaient eu le malheur de passer par là, à pleine dents après les avoir dépecés à mains nues.
 

Et c'est dans cet environnement sordide, dans cette maison qui sentait l’immondice comme une décharge ne contenant que des carcasses d’animaux que je suis né, au milieu d’une immense mare de sang. Je connais mon nom, car sur mon pied, il y a une tâche de naissance. Des années plus tard, j’ai réussi à la décrypter. Elle ressemble à un chiffre : 19-5-4. J’en ai découvert la signification... Depuis ma naissance, je suis seul. Les seules fois où ma mère m’accorde un peu d’attention, c’est quand elle vient me chercher dans ma geôle pour me faire valser avec elle. ces moments reste important pour nous.
 

Entre le moment où je suis né et l’âge de 6 ans, je n’ai pas vu la lumière. D’ailleurs, je ne vois rien ou tout juste est-ce si je distingue des ombres. J’ai très vite pris conscience, que certains aspects de ma personne n’étaient pas comme ils le devraient. Mes paupières sont toujours closes, comme si je n’avais pas d’yeux. Quant à ma bouche, eh bien je n’en ai pas ! En fait, mon visage se résume purement et simplement à deux narines, ou plutôt deux trous qui me permettent de respirer. Je sais que je ne suis pas normal, et elle le sait aussi, c’est pour cette raison qu’elle m’enferme des journées entières dans une pièce sombre. Je me sens mal, je me sens seul, je ne sais pas qui je suis. Je ne veux pas le savoir d’ailleurs...
 

Malheureusement pour moi, mes nuits sont hantées. Dès que je m’endors, je suis en proie à de violents cauchemars. Dans mes rêves, je vois des hommes qui font du mal à d’autres. Je ne sais pas qui ils sont, ni ce qu’ils veulent, mais je les vois, je les sens. Ils sont ignobles, et accomplissent les actes le plus vils. J’ai l’impression qu’ils pénètrent en moi, de les sentir, de les ressentir. En fait, durant mes nuits, je vois et je sens la misère humaine dans ce qu’elle est de plus vile et de plus abjecte. Inconsciemment, je suis incapable de supporter ces actes si méprisables, alors durant mon sommeil je m’en prends à moi-même, je me fais du mal. D’aucuns appelleraient cela de l’auto-mutilation, moi je dis que c’est un signe de l'humanité.
 

Chaque nuit c’est pareil, chaque nuit, les cauchemars reviennent, encore et toujours, inlassablement, me laissant complètement détruit à mon réveil. Ces rêves ajoutés à cet enfermement forcé, commencent à avoir raison de mon esprit. Si cela continue, je vais finir par devenir complètement fou, comme ma mère. D’ailleurs, ne le suis-je pas déjà ? Je ne suis pas comme les autres, mais cela ne m’empêche pas de ressentir des émotions. Celles-là même qui menacent de me rendre complètement dingue si je reste entre quatre murs de cet endroit que j’exècre.
 

Ce jour-là,  j’ai basculé. J’ai voulu m’attaquer à quelqu’un, et comme j’étais encore et toujours désespérément seul, je m’en suis pris à moi-même. Il fallait que je me défoule sur un souffre-douleur, alors le mal que je me faisais jusqu’à présent mais qui était du domaine de l’acceptable, a pris des proportions insoupçonnées. Si j’avais pu me détruire, je l’aurais fait, même si finalement je n’étais responsable de rien, non la seule responsable, c’est elle.
 

Alors, c’est arrivé. J’ai cédé à mes pulsions, et je l’ai tuée. Je ne sais pas si c’est mal, je ne sais pas ce qu’est le mal, je n’ai aucune conscience, puisqu'elle ne m’a jamais appris ce qu’étaient le bien et le mal. Je sais juste que c’était plus fort que moi, et ce envie irrépressible était présente en moi depuis longtemps, très longtemps. Elle a grandi jour après jour, avant d’éclore et d’exploser ce matin-là. Je lui ai enlevé sa misérable vie, et j’ai libérée de sa folie, sans doute à l’origine de la mienne.
 

Malgré tout, c’est ma mère, et je l’aime. Je n’arrive pas à me séparer d’elle. A mains nues, j’ai creusé un trou dans lequel je l’ai enterrée. Pourquoi ai-je fait cela ? Je n’en ai aucune idée, mais il m’a semblé que c’était ce qu’il fallait faire. En repensant à mon passé, je me rends compte que les seuls vrais beaux moments de ma triste existence, étaient ceux où je dansais avec ma mère. Ceux où je me sentais léger et insouciant tandis qu’elle me faisait tournoyer dans ses bras au son des violons. Alors, je n’ai qu’une envie, reproduire ces moments, ressentir à nouveau la légèreté et la joie que me procuraient ces courts moments. Chaque matin, je vais ressortir ma mère de son trou, puis je mets la musique et je la fais virevolter comme elle le faisait avec moi. Puis chaque soir, je l’enterre à nouveau, jusqu’au lendemain matin.
 

Les journées se sont suivies, et ont toutes été rythmées sur le même schéma. Alors, pourquoi ce soir-là, ai-je posé ma main sur sa bouche ? Dans mes rêves, j’avais vu des hommes agir ainsi, en fermant les yeux des morts. Comment en suis-je arrivé à ce geste ? Je n’en sais rien, mais toujours est-il que je l’ai fait et qu’à ce moment quelque chose s’est passé. Sans même que je m’en rende compte, j’ai commencé à émettre des sons. Ces bruits, je les connaissais. Je les avais déjà entendus. C’était la voix de ma mère. C’est à cet instant que j’ai compris. J’avais pris sa voix en posant ma main sur sa bouche. Alors j’ai fait de même avec ses yeux, et le miracle s’est reproduit. Je voyais. Les ombres que j’avais distinguées jusqu’à présent, se sont précisées et mes paupières se sont enfin ouvertes. Mon visage a pris forme, je me sentais extraordinairement vivant, comme si enfin je renaissais. J’ai également compris que j’étais doté d’un pouvoir dont je ne mesurais pas encore l’intensité, ni le potentiel, mais il était là et bien là. Alors, j’ai vu pour la première et dernière fois le visage de ma mère, avant de l’enterrer définitivement dans son trou. Il fallait que je sorte de cette maison, ou plutôt de ce taudis pour découvrir ce monde que j’aspirais tant à connaître.
 

Alors j’ai quitté le seul endroit où j’avais vécu et je suis sorti pour la première fois de cette maison maudite qui avait abrité mon calvaire d’enfant et la folie de ma mère. Ce que je vous ai écrit, est ma lettre à l’humanité. Vous allez encore entendre parler de moi, et plus tôt que vous ne le croyez. Je ne suis pas encore un homme, et je ne suis plus un enfant. Mais je suis une créature dotée de pouvoirs que vous n’imaginez même pas. Je ne sais pas encore où j’irai, ni ce que je ferai, mais dans mon esprit, une chose est absolument et indiscutablement certaine. Ce n’est pas fini, loin de là, j'entre enfin dans votre univers...

 

Nathalie Charlier & Red Dead    

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